D'où vient donc l'insolent bonheur des Danois?

Les Danois.e.s, souvent classé.e.s parmi les gens les plus heureuses du monde. © iStock
Les taxes sont élevées, les hivers rigoureux, la lumière pas toujours au rendez-vous. Pourtant, au classement annuel du bonheur, ce pays nordique se classe, chaque fois, à la première place mondiale. Son secret? Le Hygge.
Pour un peu, on trouverait ça presque suspect. Le bonheur affiché des Danois n’est un secret pour personne. Bien sûr, ils ont aussi des soucis, des déceptions et des moments de tristesse, l’hiver est rude, la luminosité rare et les taxes sont élevées. Mais, globalement, les 5,8 millions de sujets de la reine Margrethe II
se disent bien dans leur peau, comme en témoigne le film d’Exploration du monde, réalisé par Julie Corbeil. Cette Québécoise s’est longuement immergée dans le quotidien de Copenhague pour comprendre d’où pouvait venir ce sentiment qui propulse, chaque année, le pays au premier rang du classement mondial du bonheur.
De fait, le secret des Danois a un nom: le hygge. Là où ça se corse, c’est quand il s’agit de comprendre ce que ce mot peut bien recouvrir. De fait, il semble être partout et nulle part. L’un des premiers composants serait le mouvement, en plein air si possible. Et là, les Copenhaguois sont servis. Ils marchent et font du vélo. C’est vite dit, il y a plus de cycles que d’habitants dans la capitale. La ville a fait des efforts considérables pour aménager des espaces piétons et des pistes réservées, tout en se refusant à opposer ce mode de circulation à la voiture. Bref, tout le monde pédale, y compris en hiver, assure Julie Corbeil. «Les Copenhagois ne sont pas effrayés par la pluie et la neige quand vient le temps de se déplacer à vélo. C’est assez fascinant de voir à quel point le vélo est le prolongement d’eux-mêmes!»
Ensemble
Un deuxième socle du hygge semble être la vie en communauté, à croire d’ailleurs que la solitude doit être le pire cauchemar d’un Danois. Tout est prétexte à retrouver son prochain, dans un cadre familial ou amical. «Rares sont les Danois qui ne sont pas membres d’un club ou d’un groupe qui se consacrent à une activité, reconnaît la réalisatrice. Le tout dans un cadre, bien sûr, propice au bonheur: avec «un bon café et un éclairage apaisant, idéalement une bougie ou un feu dans la cheminée, si on a cette chance. Les gens savent trouver satisfaction dans les petites choses de la vie et je crois que cela fait partie de leur secret!»
A ce stade, on pourrait croire cette philosophie du bonheur presque obsessionnelle dans ce pays nordique. «Je ne crois pas. D’ailleurs, le spécialiste du bonheur danois, Meik Wiking, propose une nuance: les gens se disent davantage satisfaits de leur vie que d’autres sociétés. Est-ce que c’est le bonheur avec des paillettes et des fanfares? Non. Simplement, ce bonheur danois semble vouloir valoriser les moments ordinaires du quotidien. Surtout, il nous rappelle que l’être humain est un animal social qui a besoin d’être entouré pour être épanoui.» Et la Québécoise de souligner aussi que ces descendants des Vikings sont certainement moins cyniques que les habitants d’autres pays, plus confiants envers les autorités. Qu’est-ce qu’on attend pour suivre leur exemple?
Jean-Marc Rapaz
>> Infos: le film de Julie Corbeil Copenhague, capitale du bonheur, en tournée avec Exploration du monde en Suisse romande du 14 novembre au 2 décembre.